Avoir et être
Un poème écrit et chanté par Yves Duteil qui nous rappelle la force des mots
lorsqu’on on les conjugue avec talent. Ce texte intemporel extrait de l’album « Un
Chemin de Chansons » pourrait servir d’illustration à cette belle citation de Nikolaï
Gogol : « Qu’importent les trésors! Plutôt qu’argent entasser, mieux vaut amis
posséder. » (Les âmes mortes).
« Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment, un beau soir,
Ma mère m’enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir…
Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et être étaient deux frères
Que j’ai connus dès le berceau
Bien qu’opposés de caractères,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.
Ce qu’avoir aurait voulu être,
Être voulait toujours l’avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe être s’est fait avoir.
Son frère avoir était en banque
Et faisait un grand numéro.
Alors qu’être, toujours en manque,
Souffrait beaucoup dans son ego.
Alors qu’être, toujours en manque,
Souffrait beaucoup dans son ego.
Pendant qu’être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté, sans rien lui dire,
Avoir apprenait à compter.
Et il amassait des fortunes,
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu’être, un peu dans la lune,
S’était laissé déposséder.
Avoir était ostentatoire
Lorsqu’il se montrait généreux.
Être en revanche, et c’est notoire,
Est bien souvent présomptueux.
Avoir voyage en classe affaires;
Il met tous ses titre(s) à l’abri.
Alors qu’être est plus débonnaire:
Il ne gardera rien pour lui.
Alors qu’être est plus débonnaire:
Il ne gardera rien pour lui.
Sa richesse est tout intérieure:
Ce sont les choses de l’esprit.
Le verbe être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix…
Un jour, à force de chimères,
Pour parvenir à un accord
(entre verbes ça peut se faire),
Ils conjuguèrent leurs efforts,
Et, pour ne pas perdre la face,
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont réparti les tâches
Pour enfin se réconcilier
Le verbe avoir a besoin d’être
Parce qu’être c’est exister.
Le verbe être a besoin d’avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.
Et, de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.
Et, de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été. »
Une mort lente
Un très joli texte écrit en 2000 par Martha Medeiros, journaliste et femme de lettres
brésilienne. Ce poème au titre original « A Morte Devagar » (Une mort lente)
continue d’être attribué à tort à plusieurs auteurs, en particulier à Pablo Neruda.
Martha Medeiros nous incite à goûter le moment présent, sans oublier parfois de
regarder autrement afin de rêver à de nouveaux horizons.
« Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement
celui qui évite la passion
et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les cœurs blessés
Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd’hui !
Agis tout de suite!
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux ! »
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